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Date de création : 12.02.2013
Dernière mise à jour : 11.04.2013
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Le Sarkozysme : une foi inaltérable

Le Sarkozysme, une foi inaltérable

« Casse-toi pauv’con »

(homélie présidentielle au Salon de l’agriculture, 2008)


Apparu à Paris au milieu des années Cinquante (le 28 janvier 1955, exactement), le Sarkozysme doit sa naissance à celle du petit Nicolas, fils de Pal (un peintre onirique de croûtes hongroises) et d’Andrée (une avocate obscure, connue avant tout pour son surnom de « Dadou »).


L’envol de cette nouvelle religion se dessina ensuite de manière, il faut bien le dire, tortueuse :


  • les études de son messie furent médiocres (redoublement de la sixième, baccalauréat section B, passage sans diplôme à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, etc…) ; du reste, si la France a laissé s’installer au sommet de l’Etat une poignée de fous (depuis Charles VI à Paul Deschanel), on a pu dire aussi qu’un seul grand homme politique de la 5ème République avait été aussi cancre que lui à ce stade (à savoir son propre fils Jean, ce qui n’empêchera pourtant pas celui-ci d’être élu un jour, à son tour, président du royaume démocratique et héréditaire de France),


  • le blanc-bec Nicolas réussit toutefois un exploit de jeunesse insensé (à seulement 28 ans), celui de piquer (sans se faire flinguer) la mairie de Neuilly à Charles Pasqua, pourtant témoin corse de son mariage avec Marie-Dominique Culioli (elle-même originaire de l’île de beauté et des vendettas).


Propulsé ensuite au plus haut de la politique, dans le sillage d’Edouard Balladur (qui laissa comme seul autre souvenir de son passage à la tête du gouvernement ses surnoms de Ballamou et de « sa Courtoise Suffisance »), Nicolas Sarkozy parvint ensuite à prendre la tête d’une secte longtemps ringarde (l’UMP, ex-RPR) :


  • en armant ses soldats (d’un glaive destiné à mettre en déroute les légions d’immigrés et de fonctionnaires ; mais aussi d’un bouclier fiscal de protection),


  • puis en rénovant en profondeur cet ordre guerrier, son clergé et ses évangiles autour d’un slogan fédérateur, celui de « la rupture », et des thèmes traditionnels (voire traditionnalistes) de l’identité nationale, du retour à l’ordre et du travail.

 

Avant sa montée au ciel (son entrée à l’Elysée), Nicolas Sarkozy réunit dans la nuit du 6 au 7 mai 2007 ses disciples favoris pour un repas, cène ultime à laquelle purent assister de nombreux proches.

 

Accourus dans une cantine discrète du 8ème arrondissement, le Fouquet’s, ceux-ci comptaient parmi eux une bonne partie des 12 apôtres qui avaient suivi, des années durant, leur guide, aussi bien dans sa traversée du désert (aux premiers temps du roi Chirac) que durant sa période d’évangélisation libérale et sécuritaire (à la fin du règne de « Supermenteur », affaibli par l’âge et auquel il avait fini par piquer les clés du camion).

 

Rappelons, à des fins historiques, le nom de ces 12 apôtres :


  • des hommes politiques de gros calibre (au propre comme au figuré) : Patrice Balkany, Brice Hortefeux, Jean Reno (un tueur à gages, surnommé « Léon » en d’autres occasions) et Bernard Laporte,


  • des vedettes médiatiques, légendes universelles du patrimoine culturel et sportif français : Jean-Marie Bigard, Christian Clavier, Doc Gyneco, Richard Virenque et Bernard Laporte,


  • des affairistes enfin, devenus richissimes par copinage, héritage ou rapine : Vincent Bolloré (connu aussi pour son yacht), Bernard Tapie, Martin Bouygues, Arnaud Lagardère et Bernard Laporte.


A noter qu’en lieu et place de Fra Angelico, Léonard de Vinci et Salvador Dali (et de tant d’autres peintres qui ont immortalisé la Cène christique de leurs œuvres d’art, ornant aujourd’hui les cathédrales et musées du monde entier), la célébration de ce repas fut confiée à un photographe de l’agence SIPA, Philippe Warrin, qui sut en faire profiter aussitôt les magazines « people », dont le papier glacé fait le bonheur des salons d’attente de tous nos coiffeurs et esthéticiennes de France…


La conquête du pouvoir acheva de transformer Nicolas Sarkozy en dieu vivant, supérieur au Pape (avec lequel il eut un entretien, entre deux SMS, en décembre 2007) et au Dalaï Lama (qu’il finit par rencontrer, à la sauvette, une année plus tard). Les thuriféraires du Sarkozysme prêtent même à notre divinité et sainteté nationales plusieurs miracles, véritables travaux d’Hercule (ou plutôt d’Astérix, eu égard à la taille miniature de leur auteur), travaux ayant réussi à sauver la nation de la déchéance à laquelle l’avaient condamné les « rois fainéants » l’ayant précédé. Parmi ces multiples prodiges, on citera :


  • l’arrêt à mains nues de la terrible Armée rouge, qui avait pour projet initial l’anéantissement de la Georgie,


  • « l’Union pour la Méditerranée », projet de coopération entre les peuples arabes et européens, pour faire naître l’harmonie éternelle entre des nations trop longtemps rivales,


  • le sauvetage in extremis des banques et de la finance internationales, menacées sinon d’une « crise systémique » apocalyptique,


  • la survie de l’Europe, dont les talons d’Achille (Grèce, Irlande, Portugal…) étaient attaqués par les boursicoteurs de la planète et contre lesquels il fallut multiplier d’urgence les petits pains (c’est-à-dire les euros de l’Allemagne et les dollars du FMI),


  • le sauvetage, grâce au Grenelle de l’environnement, de la planète, condamnée sinon à la carbonisation climatique et aux brûlures de l’enfer.


Il faut toutefois reconnaître que les discussions autour de ces miracles annoncés se poursuivent encore et que leur caractère divin reste à ce jour contesté ; notamment par une poignée de gens obtus qui les qualifient, avec un brin de mesquinerie, d’impostures et d’« opérations de Com ».


Rappelons en effet que l’essor de la religion sarkozyste a été suivi de la montée en puissance parallèle d’un très puissant courant de Contre-Réforme, rassemblant une multitude d’opposants, en accord sur rien mais cimentés cependant par leur « anti-sarkozysme » primaire. Pour respecter le caractère laïc de cet article, et donc son absence totale de parti-pris religieux, il nous faut maintenant citer aussi les arguments de cette contre-religion :


  • la Georgie a été désossée à jamais d’un bon quart, avec l’amputation (et l’indépendance sous protection russe) de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud (Poutine, qui ne savait pas très bien comment se sortir de cette mauvaise guerre improvisée, en rit encore),


  • les premiers alliés du vaste et visionnaire projet méditerranéen formaient un exceptionnel carré d’as de tyrans (le Tunisien Ben Ali, l’Egyptien Moubarak, le Libyen Kadhafi et le Syrien Assad !), dont le fameux printemps arabe révéla plus tard le caractère finalement infréquentable,


  • les banquiers corrompus et les traders vénaux, sauvés de la ruine par la garantie des Etats, ont pu reprendre depuis leurs concours d’enrichissement, de produits financiers pourris et de maraudage,


  • les centaines de milliards d’euros et de dollars, mis sur la table pour sauver les pays européens impécunieux, ont alimenté un mécanisme abscons de prêts, de garanties et de fonds de stabilisation, à moyen terme aussi peu efficaces (contre la ruine du surendettement) et dissuasifs (contre la spéculation des vautours) que la ligne Maginot,


  • la réincarnation écologique du pays (et de la planète) a tourné court, à force de reniements, comme le démontrèrent l’enterrement du projet de taxe carbone et le fameux sermon, en marge du salon de l’agriculture 2010, sur « l’écologie ça commence à bien faire » ! Au demeurant, on voyait mal comment pouvait triompher l’écologie au cœur d’une civilisation dont la devise fondatrice était le fameux « travailler plus pour gagner plus » (et donc consommer plus, car à quoi d’autre pourrait bien servir le bénéfice d’un revenu accru ?) !


A noter cependant qu’aucun de ces grincheux n’a osé encore contester un résultat pour le moins extraordinaire, à savoir que Nicolas Sarkozy, en l’épousant, a réussi enfin à faire taire Carla Bruni. Depuis plusieurs années, nul n’était jamais parvenu, en effet, à stopper les tentatives sans issue de la top-modèle italienne cherchant à être prise pour une chanteuse. Le mariage de Nicolas et de Carla, celui d’Iznogoud et de la Castafiore, a suffi pourtant - il était temps ! - à clouer le bec à celle-ci, longtemps restée en panne d’album, depuis son très oubliable « Comme si de rien n’était », paru en 2008. Un silence providentiel (loué soit son Seigneur !), tant sa voix fragile de perroquet asthmatique avait fini par réhabiliter celles de Stéphanie de Monaco et de Jane Birkin, désormais tenues, par comparaison, pour d’authentiques divas de la Scala…


Narcissique, clientéliste, népotique, névrosé, excité, vulgaire, arriviste sans scrupule ni parole, bling-bling obsédé par le fric, enfant capricieux…, les qualificatifs désagréables ne manquent pas, chez quelques (rares) grincheux, pour dénoncer ce Dieu vivant dont la crucifixion eut lieu en mai 2012. Pourtant,la menace d’un retour de Carla à la chanson (qui eut finalement lieu en 2013), en cas de défaite, aurait dû faire hésiter bien des électeurs tentés par l'aventurisme concurrent de « Super-normal » (le seul Dieu, dénué de tout pouvoir, de l'histoire des mythologies !) ; ce risque, habilement exploité, aurait pu être une forme supérieure d’assurance électorale contre le démontage prématuré du « Sarko Sirkus » et de son chapiteau).


Avant même son inéluctable résurrection (son successeur à la tête de l'UMP, entouré d'une congrégation de bigots maraboutés, dénués du moindre soupçon d’esprit critique et de la moindre autonomie de pensée, fait plus penser à un diable - truqueur de scrutins - qu'à un bon dieu de remplacement), il a même été déclaré« santo subito », comme Jean-Paul 2 avant lui(ou encore Chirac et Mitterrand, déifiés  dès le lendemain de leur mort politique et bénéficiant à jamais d’une côte d’amour supérieure à celle de l’Abbé Pierre !).

 

Chacun d'entre nous ayant rangé au fond des tiroirs de son armoire à souvenirs la somme incalculable des mensonges et des échecs du quinquennat 2007-2012, pour ne conserver en mémoire que l'image d'une idole, il est sûr quele mythe sarkozyste connaîtra demain ses plus belles heures.Voué ainsi à l’éternité, le Sarkozysme démontre ainsi, qu’en dépit de son demi-siècle d’existence à peine, il a déjà conquis une place de choix dans le Panthéon des grandes religions monothéistes de notre pays…


Mode d’emploi


  • Pour se convertir, il suffit de prendre la carte de l’UMP auprès de la fédération de votre département. Celle-ci se réjouira de compter alors un militant de plus : cela lui permettra en effet de mentir d’une unité de moins sur le nombre de ses militants (donnée traditionnellement bidonnée par tous les partis)…


  • Pour monter dans la hiérarchie, n’hésitez pas à éliminer vos adversaires par tous les moyens légaux et illégaux à votre disposition ; à un certain niveau, la possession d’une Rolex (ou d’une marque suisse équivalente) est indispensable ; enfin, pour aspirer au statut de divinité, préférer au rasoir mécanique (trop étroit) un épais rasoir électrique sur lequel vous pourrez coller un Post-it (qui vous forcera à y penser tous les matins en vous rasant).


  • Une fois consacré dieu (ou déesse), n’hésitez pas à user des droits correspondants ; entre autres celui d’excommunier (les chercheurs qui ne trouvent rien et la princesse de Clèves, par exemple) et de béatifier (ne choisissez pas les has-been du music-hall, comme Mireille Mathieu et Enrico Macias, c’est déjà fait…).


  • Ne manquez pas non plus de lancer vos fervents croisés à l’assaut des citadelles inexpugnables du conservatisme (universités, fonction publique…) en leur supprimant en outre toute chance de retraite (à 60 ans !) ; enfin, confiez à chacun de vos prêtres un crucifix taillé sur mesure, par exemple une burqa de couleur très foncée, irremplaçable pour rassembler les fidèles et chasser (avec la même réussite que l’ail à l’encontre des vampires) les sinistres démons de l’Extrême-droite et du Socialisme…