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Date de création : 12.02.2013
Dernière mise à jour :
11.04.2013
2 articles
Le Sarkozysme, une foi inaltérable
« Casse-toi pauv’con »
(homélie présidentielle au Salon de l’agriculture, 2008)
Apparu à Paris au milieu des années Cinquante (le 28 janvier 1955, exactement), le Sarkozysme doit sa naissance à celle du petit Nicolas, fils de Pal (un peintre onirique de croûtes hongroises) et d’Andrée (une avocate obscure, connue avant tout pour son surnom de « Dadou »).
L’envol de cette nouvelle religion se dessina ensuite de manière, il faut bien le dire, tortueuse :
Propulsé ensuite au plus haut de la politique, dans le sillage d’Edouard Balladur (qui laissa comme seul autre souvenir de son passage à la tête du gouvernement ses surnoms de Ballamou et de « sa Courtoise Suffisance »), Nicolas Sarkozy parvint ensuite à prendre la tête d’une secte longtemps ringarde (l’UMP, ex-RPR) :
Avant sa montée au ciel (son entrée à l’Elysée), Nicolas Sarkozy réunit dans la nuit du 6 au 7 mai 2007 ses disciples favoris pour un repas, cène ultime à laquelle purent assister de nombreux proches.
Accourus dans une cantine discrète du 8ème arrondissement, le Fouquet’s, ceux-ci comptaient parmi eux une bonne partie des 12 apôtres qui avaient suivi, des années durant, leur guide, aussi bien dans sa traversée du désert (aux premiers temps du roi Chirac) que durant sa période d’évangélisation libérale et sécuritaire (à la fin du règne de « Supermenteur », affaibli par l’âge et auquel il avait fini par piquer les clés du camion).
Rappelons, à des fins historiques, le nom de ces 12 apôtres :
A noter qu’en lieu et place de Fra Angelico, Léonard de Vinci et Salvador Dali (et de tant d’autres peintres qui ont immortalisé la Cène christique de leurs œuvres d’art, ornant aujourd’hui les cathédrales et musées du monde entier), la célébration de ce repas fut confiée à un photographe de l’agence SIPA, Philippe Warrin, qui sut en faire profiter aussitôt les magazines « people », dont le papier glacé fait le bonheur des salons d’attente de tous nos coiffeurs et esthéticiennes de France…
La conquête du pouvoir acheva de transformer Nicolas Sarkozy en dieu vivant, supérieur au Pape (avec lequel il eut un entretien, entre deux SMS, en décembre 2007) et au Dalaï Lama (qu’il finit par rencontrer, à la sauvette, une année plus tard). Les thuriféraires du Sarkozysme prêtent même à notre divinité et sainteté nationales plusieurs miracles, véritables travaux d’Hercule (ou plutôt d’Astérix, eu égard à la taille miniature de leur auteur), travaux ayant réussi à sauver la nation de la déchéance à laquelle l’avaient condamné les « rois fainéants » l’ayant précédé. Parmi ces multiples prodiges, on citera :
Il faut toutefois reconnaître que les discussions autour de ces miracles annoncés se poursuivent encore et que leur caractère divin reste à ce jour contesté ; notamment par une poignée de gens obtus qui les qualifient, avec un brin de mesquinerie, d’impostures et d’« opérations de Com ».
Rappelons en effet que l’essor de la religion sarkozyste a été suivi de la montée en puissance parallèle d’un très puissant courant de Contre-Réforme, rassemblant une multitude d’opposants, en accord sur rien mais cimentés cependant par leur « anti-sarkozysme » primaire. Pour respecter le caractère laïc de cet article, et donc son absence totale de parti-pris religieux, il nous faut maintenant citer aussi les arguments de cette contre-religion :
A noter cependant qu’aucun de ces grincheux n’a osé encore contester un résultat pour le moins extraordinaire, à savoir que Nicolas Sarkozy, en l’épousant, a réussi enfin à faire taire Carla Bruni. Depuis plusieurs années, nul n’était jamais parvenu, en effet, à stopper les tentatives sans issue de la top-modèle italienne cherchant à être prise pour une chanteuse. Le mariage de Nicolas et de Carla, celui d’Iznogoud et de la Castafiore, a suffi pourtant - il était temps ! - à clouer le bec à celle-ci, longtemps restée en panne d’album, depuis son très oubliable « Comme si de rien n’était », paru en 2008. Un silence providentiel (loué soit son Seigneur !), tant sa voix fragile de perroquet asthmatique avait fini par réhabiliter celles de Stéphanie de Monaco et de Jane Birkin, désormais tenues, par comparaison, pour d’authentiques divas de la Scala…
Narcissique, clientéliste, népotique, névrosé, excité, vulgaire, arriviste sans scrupule ni parole, bling-bling obsédé par le fric, enfant capricieux…, les qualificatifs désagréables ne manquent pas, chez quelques (rares) grincheux, pour dénoncer ce Dieu vivant dont la crucifixion eut lieu en mai 2012. Pourtant,la menace d’un retour de Carla à la chanson (qui eut finalement lieu en 2013), en cas de défaite, aurait dû faire hésiter bien des électeurs tentés par l'aventurisme concurrent de « Super-normal » (le seul Dieu, dénué de tout pouvoir, de l'histoire des mythologies !) ; ce risque, habilement exploité, aurait pu être une forme supérieure d’assurance électorale contre le démontage prématuré du « Sarko Sirkus » et de son chapiteau).
Avant même son inéluctable résurrection (son successeur à la tête de l'UMP, entouré d'une congrégation de bigots maraboutés, dénués du moindre soupçon d’esprit critique et de la moindre autonomie de pensée, fait plus penser à un diable - truqueur de scrutins - qu'à un bon dieu de remplacement), il a même été déclaré« santo subito », comme Jean-Paul 2 avant lui(ou encore Chirac et Mitterrand, déifiés dès le lendemain de leur mort politique et bénéficiant à jamais d’une côte d’amour supérieure à celle de l’Abbé Pierre !).
Chacun d'entre nous ayant rangé au fond des tiroirs de son armoire à souvenirs la somme incalculable des mensonges et des échecs du quinquennat 2007-2012, pour ne conserver en mémoire que l'image d'une idole, il est sûr quele mythe sarkozyste connaîtra demain ses plus belles heures.Voué ainsi à l’éternité, le Sarkozysme démontre ainsi, qu’en dépit de son demi-siècle d’existence à peine, il a déjà conquis une place de choix dans le Panthéon des grandes religions monothéistes de notre pays…
Mode d’emploi
L’hélicologie :une religion pour gagner le ciel...
« Chez nous, c’est pas les ours qu’il faut introduire, c’est les épiciers » (dicton pyrénéen)
C’est en 1987 que des millions de téléspectateurs français, ébahis, firent la connaissance de Nicolas Hulot, reporter versé dans le fascinant spectacle du grand frisson (sur petit écran) et de l’aventure extrême ; si extrême, même, que son personnage fut caricaturé par la suite en spéléhomme-grenouille, explorant les cavités de nos toilettes, leurs boyaux d’évacuation (aux dangereux siphons) et les gouffres, ornés de concrétions douteuses, de leurs fosses septiques…
Depuis, après avoir longtemps suscité un certain agacement, devant des performances sportives aussi angoissantes que inutiles, puis une pitié sincère pour sa mine de clown triste (contemplant de merveilleux spectacles naturels, quelques minutes seulement - à voir sa tête -, avant leur disparition), notre animateur vedette a une nouvelle fois changé de registre en se proclamant désormais le souverain pontifiant de l’écologie à moteur.
Que cet homme, après avoir survolé des milliers et des milliers d’heures durant, en avion ou en hélicoptère, les pays et les mers du globe terrestre, soit devenu le chantre de la sobriété énergétique, et de la lutte contre les gaz à effet de serre, n’étonnera que ceux qui dénieraient à Brigitte Lahaie le soin de dispenser aujourd’hui des cours de bonne éducation et de vertu sentimentale. Or, le fait d’être accro au gasoil et shooté au kérosène est au contraire un atout considérable pour dénoncer, en connaissance de cause, les dangers de ces drogues dures ; et encourager les citoyens à traverser désormais les continents du globe en vélo et à naviguer en pédalo sur ses océans…
Soyons toutefois indulgent. Car Nicolas souffre, obligé qu'il est d’assumer en permanence de colossales contradictions. Sa notoriété et son évangélisme écologique auraient dû lui valoir un emploi à vie comme rédacteur en chef de la Hulotte ou bien d’Alternatives économiques. Mais c’est à TF1 qu’il a toujours officié en tant qu’animateur vedette ; une chaîne dont le métier consiste uniquement à faire vendre et consommer toujours plus, via des réclames judicieusement insérées dans sa grille de programmes. Ce fait a du reste été reconnu, honnêtement il faut le dire même si le propos fit scandale à l’époque, par son PDG Patrick Le Lay, dans un ouvrage collectif intitulé « Les dirigeants face au changement », paru en 2004 : « Pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible". Une confession à l’opposé des recommandations de notre hélicophile favori, prônant de son côté la responsabilité des individus devant les tentations quotidiennes et l’impasse du « gaspiller plus », contraires à la finitude des ressources naturelles de la terre et aux risques d’emballement climatique que celle-ci peut craindre pour les décennies à venir…
Autre star de l’écologie by plane, Yann Arthus-Bertrand a connu grosso modo le même parcours, au point d’incarner aujourd’hui une foi alternative aussi convaincante, en concurrence frontale, donc, pour récolter la dîme des entreprises appelées à nourrir leurs business respectifs. Heureusement pour nos deux rivaux et saints patrons de l’hélicologie, celles-ci sont de plus en plus nombreuses.
Au siècle passé, Lénine admirait les capitalistes avides de vendre, par cupidité, la corde qui les ferait pendre ; aujourd’hui, ce sont les pollueurs de la planète qui sont prêts à purifier leur mauvaise conscience polluante et à se faire hacher par les pales de nos deux aimables aérostiers. Le pétrole et la multiplication des téléphones portables posent question ? Aucun problème en réalité puisque EDF et Orange, ah les bons amis, sont là pour proposer des solutions d’avenir, centrales bio-nucléaires d’un côté et électronique sans OGM de l’autre !
Si Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand se ressemblent donc comme deux gouttes de gasoil, prêchant désormais avec une foi identique la frugalité qui sauvera l’humanité, leurs positionnements marketing ne sont toutefois pas exactement les mêmes.
L’un et l’autre ne diffèrent nullement par leurs habitudes de parcourir la planète : ils ont tous les deux passé leurs vies à survoler les mêmes sites remarquables, au point que c’est un miracle statistique qui les a fait échapper, pour l’instant, à une collision en plein vol ! Ils ne se distinguent pas davantage pour leurs productions, qui exploitent pareillement la totalité des médias modernes à leur disposition : internet bien sûr, mais aussi livres, émissions de télévision et enfin films grand public, sortis comme par hasard la même année, en 2009 (le Syndrome du Titanic pour l’un, Home pour l’autre).
Ce qui sépare nos deux télé-évangélistes tient plutôt à leur approche de la nature : contemplative dans le cas de Yann Arthus-Bertrand (dont l’album « la Terre vue du ciel », vendu à trois millions d’exemplaires, a révélé au monde entier un œil photographique certain) et plus frénétique dans celui de Nicolas Hulot (qui n’a passé que quelques minutes de reportage à caresser les baleines à bosses, quand Yann Arthus-Bertrand consacra trois ans de sa vie à observer les lions du parc national kenyan de Massaï Mara). Mais il y encore une autre source, majeure celle-ci, de différence.
La gesticulation exaltée de notre Breton mégalo (mais il s’agit là d’une condition requise pour qui cherche à créer une nouvelle religion), qui n’hésita pas à donner son nom à la fondation qu’il créa jadis, est telle qu’il s’est lancé en 2011 un défi en rase-mottes, celui de devenir un acteur politique de premier plan. Bref, promettant aux militaires de troquer leurs vieux tanks contre des vélibs flambant neufs, il s’est mué un temps (avant d’essuyer une défaite piteuse contre une juge norvégienne d’autant plus proche de la nature qu’elle a été elle-même « naturalisée » !) en homme de pouvoir, prêt pour les traversées du désert caractérisant cette espèce nullement menacée.
Des traversées qu’il ne craint guère, car il les a déjà toutes vécues, depuis l’Atacama chilien au Kalahari namibien ! Une nouvelle fois à son initiative, voici que la France s’est trouvée alors en état de mobilisation générale, culpabilisée par notre star de la religion cathodique et par cet autodidacte (« aérodidacte » pourrait-on dire aussi) de la science environnementale, dont les prêches furent prononcées à l’aube d’une lutte mondiale pour sauver la planète et d’une élection nationale pour cultiver (sans pesticides, faut-il le préciser) son égo.
Chaque bataille de cette guerre devait être ensuite le prétexte d’un mot d’ordre nouveau, fondé sur quelque terrifiant pronostic de Cassandre contemporaine, annonçant aux téléspectateurs pétrifiés la destruction de la biodiversité, l’ébullition de l’atmosphère ou enfin l’épuisement des ressources… Heureusement, nous avons échappé à cette punition, NH s'écroulant dans la même ligne droite - qu'il avait cru triomphale - que le satyre du FMI et du Carlton.
Pourtant l'occasion aurait été belle, tant les urgences et les questions se bousculaient et semblaient alors se rejoindre : nos enfants vivront-ils demain aux côtés d’ours pyrénéens en liberté ; connaîtront-ils la joie des neiges hivernales et du ski mécanisé sur les pentes de Courchevel ; leur restera-t-il encore du fuel à volonté pour honorer leur chaudière et leur automobile ; comment gérer le risque nucléaire induit par les déchets radioactifs, les menaces terroristes ou encore la dégradation inéluctable des processus politiques de contrôle et de décision ?
Les non-convertis préfèrent prendre parti pour l’antéchrist Claude Allègre, un politico-scientifique approximatif, dont les livres de circonstance (publiés tous les quatre matins), cherchent au contraire à nous apaiser en répétant toujours la même oraison : les prophètes de l’apocalypse trichent (pour financer leurs labos de recherche) ou se trompent, alors que la technologie nous apportera les solutions nécessaires…
Pourquoi succomber alors à la double peine (passer son existence dans l’angoisse des catastrophes annoncées, avant de subir celles-ci comme prévu), quand l’insouciance est tellement plus agréable à vivre ! Il est vrai que les équations des experts du climat, du vivant et de l’énergie restent assorties de sources encore considérables d’incertitudes, au-delà de vérités assez peu discutables (par exemple l’appauvrissement continu des écosystèmes de la planète). Il est vrai aussi que l’on voit mal comment inventer un monde plus « durable », tandis que les entrepreneurs et les publicitaires de tous pays, plus efficaces, inventifs et nombreux chaque année, n’ont qu’une seule préoccupation, celle de produire plus pour vendre plus.
Comment s’étonner dans ces conditions que la force des opinions prime sur ces sujets, submergeant tout réalisme économique, scientifique ou culturel ? Bien sûr, d’autres civilisations et modes de vie sont possibles (et même souhaitables, si l’espèce humaine ne veut pas disparaître trop vite). Mais ces alternatives auront un temps d’installation et d’appropriation forcément très long (de quelques décennies) et des conséquences embarrassantes sur nos habitudes de vie et notre portefeuille de consommateur occidental, à la fois frivole (pour ses propres besoins) et grippe-sou (pour financer les solutions collectives).
Cette réalité ne contraint pourtant pas la propagande de nos deux hélicologistes et de leurs fidèles, qui prennent soin de planquer le spectre de la « déconsommation » (seul procédé valable, si l’on veut réellement épargner les ressources naturelles terrestres) sous le tapis d’un enfumage pseudo-scientifique, laissant croire que des solutions quasi indolores existent pour contenir la fuite en avant destructive de notre société de consommation. En l’occurrence, les lois traditionnelles de l’économie sont passées par pertes et profits, derrière la vague promesse d’une néo-économie verte, capable de créer plus d’emplois demain qu’elle n’en détruirait aujourd’hui...
On promet donc aux derniers ouvriers de l’industrie française, compétitifs à l’échelle mondiale et produisant encore des pneus (Michelin), des bagnoles (Peugeot, Renault) ou des avions (Airbus), ainsi qu’aux cadres de la filière nucléaire (Areva, EDF) et pétrolière (Total), une prochaine et opportune reconversion… C’est la pensée supérieure de cette religion nouvelle, qui offre une éternité à l’espèce humaine (sous condition d’abstinence immédiate), et réhabilite les fameuses béatitudes bibliques (Heureux les pauvres car le royaume des Cieux est à eux), en les adaptant à notre époque : sacrifions une part de notre bien-être matériel pour la survie à long terme, pas seulement de notre âme, mais tout simplement de l’homme ! Singulier programme de ralliement en tout cas, qui a su réaliser ces derniers temps un surprenant syncrétisme, emprunté aux bobos (du quartier latin parisien) et aux babas (du fin fond de l’Ariège), habituels soutiens des candidats écolos aux élections.
On doit aussi évoquer les lois de la physique, tout autant mises de côté pour laisser la place aux spéculations inventives de la métaphysique ou, pire encore, de la pataphysique (science de l’absurde et du non-sens, inventée par le très imaginatif Alfred Jarry). Blaise Pascal, comme l’indique son célèbre pari théologique, recommandait de croire en Dieu par intérêt (la perspective de son absence confrontant l’homme à un néant bien ennuyeux !). Ce même raisonnement nourrit aujourd’hui aussi bien les écologistes (qui prétendent, sans creuser exagérément la question, que l’on pourrait se passer d’uranium et de pétrole) que leurs adversaires (qui s’illusionnent aussi sur les innovations miracles qui permettraient de réduire l’impact désespérément croissant de notre espèce !).
C’est ainsi que l’ex-conseiller spécial et âme damnée de Nicolas Hulot, Jean-Marc Jancovici (un consultant plutoniophile, passant lui aussi sa vie à la télé pour livrer sa vision péremptoire de l’avenir), fut-il excommunié en pleine et rase campagne (électorale), pour cause de déviance idéologique sur la question du nucléaire. Il faut dire que sa formation d’ingénieur l’ayant plus prédisposé aux calculs qu’aux superstitions, il possédait la fâcheuse habitude de mettre sur la table les impasses technologiques et surtout les coûts prohibitifs que supposerait la conversion de la France atomique (dont environ 80 % de l’électricité est d’origine nucléaire) au renouvelable et aux économies d’énergie.
Notons, en guise de conclusion, que le messianisme hélicologiste, dépoussiéré des lois décidément trop gênantes de l’économie et de la science, serait à l’évidence très utile pour réduire nos gaspillages mais aussi notre dépendance vis-à-vis des grands pays producteurs (de pétrole, de gaz, d’uranium), dont le point commun est, dans le cas le plus général, l’absence de tradition démocratique (depuis la Russie aux pays du golfe persique, en passant par le Niger).
Mieux encore, elle serait parfaitement sympathique si nos deux prédicateurs, Nicolas Hulot et Yann Arthus-Bertrand, montraient un temps soit peu l’exemple, par leur pratique de la sobriété ; et s’ils s’intéressaient aussi à la question sociale du partage, autre composante incontournable du paradis promis…
Mais, il faut bien le dire, ces augustes et prophétiques annonciateurs d’un New-Age miraculeux, qui verrait les hommes renoncer à leurs gadgets puérils de consommateur compulsif au bénéfice d’un puritanisme sobre, n’ont toujours pas décidé de redistribuer leurs royalties ni adopté l’avion à pédales… Le Christ, lui au moins, évitait de se vautrer dans l’opulence et l’ostentation ; et quand, le jour de l’Ascension, il monta au ciel, il choisit un transport en commun non polluant (de droit pour tout être décédé), et non pas, comme d’autres, un hélicoptère particulier !
Mode d’emploi de l'hélicologie
• Si vous êtes un écologiste de base, vous vous devez absolument d’être pratiquants (à défaut d’être croyants) sur les sujets constitutifs du socle doctrinaire de votre religion. Si un envoyé spécial du tribunal de l’inquisition verte vous interroge sur votre foi, livrez-lui en particulier les mots clefs qu’il voudra entendre. Par exemple, dites bien que vous faites attention à ne pas gaspiller l’eau en vous brossant les dents (vous fermez le robinet entre deux crachats), que vous achetez des légumes de saison au marchand bio de votre centre-ville et enfin que vous avez écrit à votre maire pour lui recommander de cesser l’achat de Roundup à Monsanto et de laisser prospérer les herbes folles en bordure de la voirie communale.
• Sur d’autres sujets (par exemple vos incessantes vacances lointaines, à l’étranger ; ou le fait que vous prenez toujours l’ascenseur au lieu de l’escalier au fond du couloir), rassurez-vous, une certaine tolérance reste par contre toujours admise.
• Apprenez par cœur le catéchisme du parfait militant écolo. Reprenez à votre compte les fatwas contre les OGM (privatisation du vivant au profit des multinationales américaines) et le nucléaire (folie française, issue de la complicité singulière du corps des mines, du pouvoir politique et de la CGT).
• Acceptez la contradiction consistant à décrier la recherche publique de l’INRA sur les organismes transgéniques (car vous savez bien que les semences trafiquées ne seront jamais d’aucune utilité pour favoriser une agriculture plus productive, quoique moins gourmande en eau, en engrais et en produits phytosanitaires), tout en regrettant que cette même recherche publique (celle du CEA, d’EDF ou encore des instituts universitaires) soit indigente dans le domaine des énergies renouvelables (alors que vous savez bien qu’il aurait suffi d’y consacrer quelques moyens - beaucoup moins que ceux versés à la recherche du grand Satan atomique - pour trouver des solutions énergétiques naturelles et sans risque !).
• Si vous aspirez à devenir un des prêtres supérieurs de l’hélicologie, ne soyez pas pressés. Votre crise de vocation, votre conversion, peut attendre, le temps de faire quatorze fois le tour de la terre (prenez pour modèle Victor Hugo, dont tout le monde se souvient qu’il fut communard, mais dont la jeunesse fut très longtemps royaliste !). N’hésitez pas non plus à collectionner auparavant, comme Nicolas Hulot, les résidences (de la Corse au Luberon, entre Paris et la Bretagne), dans ces lieux symboliques de réussite sociale, dont rêvent tous les pauvres français qui n’ont déjà pas les moyens de se payer un logement décent dans une sinistre banlieue.
• Après avoir goûté à cet éventail de plaisirs et de possessions futiles, vous vous rendrez compte que cette frénésie aéro-touristique et ce matérialisme immobilier n’ont pas suffi à vous rendre heureux. Cette découverte facilitera votre retraite courageuse dans le couvent, très tendance, de la modération carbonée et de l’abstinence consumériste… Vous pouvez sinon choisir d’imiter Daniel Cohn-Bendit, avatar au visage rieur de l’écologie festive et jouissive (qui respire la joie de vivre, quand nos deux hélicophiles incarnent de leur côté la tristesse de mourir).
• Prévoir néanmoins une justification solide et quelques arguments passe-partout pour expliquer vos retournements de veste. Rassurez-vous, les mea culpa ne vous seront pas reprochés trop longtemps, dans cette religion verte qui a fait sien le slogan biblique « Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre » et sa version laïque « Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis ». Admirez ainsi la prouesse de Nicolas Hulot, justifiant le 25 avril 2011, au micro d’iTélé (et sans autre forme de procès), son reniement nucléaire en forme de tête-à-queue :«Eh bien je me suis trompé, parce qu’on m’a trompé » !
• Employez aussi, pour « blanchir » votre usage immodéré des quatre-quatre à pare-buffle et des moyens aériens, indispensables à vos tournages, le terme passe-partout de « compensation ». En effet, celle-ci est à l’écologie ce que la confession est au christianisme, c’est-à-dire un moyen commode de remettre les compteurs à zéro et de bénéficier d’une absolution à peu de frais.
• En revanche, ne vous étendez pas trop sur cette compensation qui consiste à financer à l’autre bout du monde des reboisements, supposés stocker le carbone échappé par ailleurs de vos puissants moteurs : aucun journaliste n’ira jamais vérifier leur réalité ni l’état précédent des terrains en question. La transformation, en forêt artificiellement plantée, d’un écosystème remarquable ou de terres auparavant cultivées ou bien affectées à d’autres usages, qui ne demandaient rien d’autre que de rester en l’état, ne sera donc pas critiquée, pas plus que l’intérêt de pareils procédés (profitables à des escrocs qui ont gagné des milliards d'euros à échanger des droits d'émission fictifs et à quelques ONG opportunistes, exploiteurs de la mauvaise conscience occidentale), ne sera jamais mis en doute.…